Si l’un de ces scénarios apparaît probable ou que la cuve a déjà été sortie lors d’un bel après-midi ensoleillé comme suggéré dans le précédent paragraphe et que rien ne passe, les levures sont probablement mortes. Pas de panique! N’importe quelle boutique de vinification ou de brassage de bière propose des levures commerciales. Concernant la variété à utiliser, je conseille la Lalvin 71B qui est adaptée à des vins nouveaux comme ce que sont une bonne partie des vins maisons.
Enfin, voici une procédure permettant d’activer des levures sèches commerciales à tout coup :
- Rincer tout le matériel à l’eau bouillante et le sécher avec des essuis-tout neufs afin de le stériliser.
- Mesurer 0.2 grammes de levure par litre de jus. Un sac de 5 grammes suffit donc à 25 litres.
- Chauffer entre 38 et 40 degrés celsius un volume d’eau de source embouteillée (le chlore présent dans l’eau du robinet pourrait nuire aux levures) équivalent à 10 fois le poids des levures. Par exemple, 5 grammes requièrent 50 millilitres d’eau.
- Saupoudrer les levures dans l’eau et attendre 15 minutes sans remuer.
- Mélanger doucement après 15 minutes avec la cuillère stérilisée jusqu’à obtention d’un liquide brun.
- Ajouter une quantité équivalente de jus de raisin au liquide brun puis attendre 15 minutes de plus. En reprenant l’exemple, ce serait 50 millilitres de jus qu'il faudrait ajouter.
- Verser les levures désormais activées dans la cuve contenant le jus de raisin et brasser vigoureusement afin que les levures soient bien réparties.
D’ici 24 heures, la fermentation aura débuté et sera reconnaissable par la formation d’une mousse à la surface du jus ainsi que le dégagement d’une odeur fruitée et de gaz carbonique (CO2).
3ème cause : Le jus de raisins est trop sucré
C’est plutôt rare - et encore plus au Québec étant donné notre climat! - mais il arrive que le degré Brix du raisin, abrégé Brix, c'est-à-dire le nombre de grammes de sucre par 100 grammes de liquide, soit si élevé qu’il nuise à la fermentation. Ceci est à surveiller lorsqu’un raisin supérieur à 26° Brix est cueilli. C’est grâce à un réfractomètre qu’il est possible de mesurer le Brix d’un raisin directement dans le champ!
Dans cette éventualité, il y a plusieurs options à considérer :
- Ajouter au jus de l’eau de source embouteillée : Ceci permettra de le ramener aux alentours de 23° Brix. En effet, l’eau dilue le sucre! Attention à ne pas répéter cette pratique dans un vignoble car il est illégal, au Québec, pour tout détenteur d’un permis de la RACJ, de diluer son jus de raisin avec de l’eau, sauf quelques rares exceptions.
- Ajouter une levure commerciale résistante au sucre : Comme de nombreux problèmes de vinifications, les levures commerciales ont une solution à proposer et elle s’appelle ici la Lalvin EC-1118, laquelle tolère un impressionnant 18% d’alcool par volume avant d’être inefficace.
- Accueillir à bras ouverts son prochain vin doux : Si tout le sucre n’est pas transformé, ce n’est pas grave : il n'en sera pas moins délicieux. Le vin en résultant sera un vin dit « doux » car contenant une bonne quantité de sucre résiduel. Il faudra toutefois prévenir ce qu’on appelle une « refermentation », laquelle pourrait se déclencher dans la bouteille dans les mois à venir. Pour ce faire, deux possibilités :
- Méthode naturelle : Conserver le vin dans un cellier ou un réfrigérateur ; et
- Méthode conventionnelle : Sulfiter à hauteur de 50 milligrammes par litre.
Si le Brix n’est pas mesuré dans le champ, alors il faudra mesurer la densité spécifique du jus une fois pressé avec un densimètre. C’est aussi un outil fort utile afin de déterminer si la fermentation est terminée. Ces 2 mesures déterminent, par ailleurs, le potentiel d’alcool : si l’entièreté du sucre d’un vin à 26° Brix ou 1.1103 de densité spécifique est fermenté, alors un vin à 15.9% d’alcool par volume sera obtenu. Pour d’autres conversions, j’ai ajouté ci-bas un tableau afin de vous faciliter la vie.