4. Choisir judicieusement quand ajouter des sulfites
Quoique les bonnes pratiques indiquent qu'il judicieux de fractionner l'ajout des sulfites en plusieurs moments plutôt que de mettre une seule grosse quantité d'un coup, c'est peu pratique de procéder ainsi en vinification maison. En effet, il est difficile d'obtenir des résultats optimaux lors d'un second voir troisième sulfitage car :
- Les sulfites libres ayant tendance à diminuer avec le temps, plus le temps passe et plus il faut ajouter de sulfites pour un obtenir le résultat désiré ; et
- Il est difficile de mesurer avec précision les sulfites libres à la maison, donc le risque de sulfiter trop ou pas assez est bien présent.
C'est pourquoi il vaut mieux choisir judicieusement son ou ses moments d'ajout de sulfites.
Lors de la vendange et du foulage
Si l'état sanitaires des raisins n'est pas idéal, par exemple que ceux-ci ont commencé à pourrir, ou que les fermentations passées ont eu des problèmes de levures Brettanomyces (« Brett ») alors il serait judicieux de sulfiter lors de la récolte des raisins. Pour des problèmes mineurs, sulfiter à 50 mg/L sera suffisant. Pour des problèmes graves de pourritures et de moisissures, sulfiter jusqu'à 100 mg/L s'avèrera nécessaire selon la gravité observée.
Il faudra bien sûr fouler les raisins avant de pouvoir y ajouter des sulfites. Attention de surveiller le bon démarrage de la fermentation si aucune levure industrielle n'y a été ajoutée car le sulfitage est connu pour nuire aux levures naturelles. Si la vendange est parfaitement saine, pas besoin de sulfiter.
Pendant ou après la fermentation alcoolique
Dans mon précédent article comportant sur la fermentation alcoolique, je brosse le portrait des problèmes pouvant survenir durant cette étape critique. Les symptômes à observer sont indiqués, accompagnés des concentrations de sulfites à ajouter.
Un autre cas de figure après la fin de la fermentation serait celui voulant empêcher la fermentation malolactique (FML) de se déclencher. Sulfiter à ce moment protègera par le fait même le vin contre les bactéries acétiques et lactiques, les lactiques étant responsables de la FML. Si la fermentation alcoolique s'est bien déroulée et que la FML est désirée, pas besoin de sulfiter.
Après la fermentation malolactique et avant l'élevage
Le vin est prêt à être mis en tourie ou en barrique dans le but d'être élevé et stabilisé. Plus le contenant utilisé sera petit, plus le risque d'oxydation sera élevé. Dans un contexte de vin maison, il est déconseillé de prévoir un long élevage puisque de nombreux problèmes (exacerbés par la petite taille des touries en vinification artisanale...) peuvent se produire durant cette période.
Si tout s'est bien déroulé jusqu'à présent et qu'un élevage de plusieurs mois est voulu, un sulfitage à 50 mg/L pourrait être judicieux. En cas d'absence de période d'élevage, pas besoin de sulfiter.
Après l'élevage mais avant l'embouteillage
L'élevage s'est bien déroulé (ou n'a tout simplement pas eu lieu!) et c'est maintenant le temps d'embouteiller le vin. Si aucun sulfite n'a été utilisé jusqu'à présent car le vin a été travaillé naturellement, un risque de « refermentation » en bouteille demeure. Une telle refermentation, très indésirable puisqu'elle peut faire sortir le bouchon de liège, peut se produire lorsque :
- La température augmente (lors du transport par exemple), réactivant par du même coup des levures dormantes ; ou/et
- Le vin comportait des levures spéciales comme la Brett qui peuvent continuer à fermenter dans des conditions peu propices pour les levures régulières de la fermentation alcoolique.
Pour diminuer ce risque, sulfiter entre 20 mg/L et 50 mg/L, selon l'acidité du vin. Un vin très acide requière peu de sulfites alors qu'un vin peu acide nécessitera la dose maximale de 50 mg/L.